
LE JOUR OU LE FRANCE RADIO
CLUB A FAILLI DISPARAÎTRE !
France Radio Club fête son 40ème
anniversaire
(créé en
1974). L’occasion de se remémorer quelques épisodes
de la vie du club. Comme toute association FRC a connu des
passages difficiles. Nous allons justement commencer par
l’un d’entre eux.
Ce premier article est consacré à un
moment clé de l’histoire du club. Cet épisode a été relaté
de façon incomplète dans le cadre des pages d’une défunte
radio libre du pays de Caux et le texte suivant va rétablir
les faits dans leur chronologie historique.
Un petit rappel
Le club a été créé à l’initiative de
trois auditeurs normands de radios offshore au début de
1974. L’objectif était de rassembler les auditeurs français
de ces radios exceptionnelles et le but défini dans la
déclaration associative originale était de « favoriser
l’écoute des stations radios lointaines », les lois
liberticides – toujours en vigueur - ne permettant pas le
support direct de ces pionniers de la radio libre.
Au cours de ces premières années,
l’occupation principale du trio normand restait la
publication du magazine Offshore Echos, le lien principal
avec les adhérents. De feuillet ronéotypé, le bulletin est
rapidement passé au fanzine offset tandis que le nombre de
supporters allait croissant.
En 1977, les premières radios libres en
FM apparaissent en France et, même si le sujet ne faisait
pas partie de ses objectifs initiaux, le club ne pouvait pas
passer à côté de ce phénomène qu’il avait contribué à
déclencher, et il se devait de défendre la « radio libre ».
D’ailleurs, dès 1976 Offshore Echos était parmi les premiers
à donner des informations sur la situation italienne qui
allait montrer la voie aux Radios vertes et compagnie.
Au début des années 80, le phénomène
radios libres avait pris un tel essor qu’il en était devenu
un enjeu politique.
Certains dans le club suggérèrent de
profiter de la vague et de créer « la radio » du France
Radio Club. Nonobstant le fait que le club était un club
d’auditeurs, cela posait un problème - car
les radios ‘libres’ émettaient en FM et donc avaient une
portée très limitée. La majorité des adhérents du FRC
habitaient le nord de la France ou en région parisienne ou
bien encore à l’étranger (Belgique, Pays-Bas, Angleterre).
Dans ces conditions, la question
se posait de la situation de l’émetteur.
Il sera en premier lieu envisagé
d’établir une radio sur Paris, position centralisée, mais
très vite l’idée sera abandonnée à cause des moyens
pratiques et financiers. Rapidement il devint évident que la
radio ne pourrait pas concerner tous les adhérents.
Mais devait-on pour autant renoncer ?
Au cours de différentes réunions, il
fut admis que la radio pourrait se situer en Normandie
puisque la cheville ouvrière du club s’y trouvait.

André Blondeau (président d'honneur de
France Radio Club), Daniel Lefebvre* (président de FRC)
et François Lhôte (vice-président) au début des
années 80
* Le
7.12.1981,
Daniel
(président de FRC) est nommé vice-président de
l'Association Solaris. En mars 1983, il accède au poste de
Président de Solaris, qu'il occupera jusqu'en
avril 1986
Une radio ? Pour quoi faire ?
Il fallait maintenant décider de ce que
la « radio » du France Radio Club devrait faire. Cela
semblait évident pour
la plupart : ce devrait être une radio musicale, le
plus près possible du style des radios offshore comme Radio Caroline ou Radio Northsea.
La plupart des radios libres qui
émettaient alors restaient des radios de
quartiers, avec beaucoup de bla bla, ou des radios
combattantes qui cherchaient à éviter la saisie ou le
brouillage. Ou bien encore des radios syndicalistes… Il y
avait peu ou pas de radios musicales dans le sens ou le club
l’entendait.
Sur ce sujet, l’ensemble du club
semblait d’accord. Le genre de radio envisagée au nom du
club devait s’adresser à un groupe d’âge situé entre 18 et
40 ans avec une programmation majoritairement anglo-saxonne.
Il fallait quand même trouver un site d’émission capable de
couvrir la population de cette tranche d’âge la plus
importante possible, et pour cela les hauteurs de Rouen
semblaient la meilleure solution, même si financièrement et
techniquement cela posait des problèmes !
A ce moment plusieurs réunions
successives eurent lieu en Normandie.
Les radios libres étaient dans l’air du
temps et de nouvelles têtes de dernière minute, amenées
entre autre par le président du club de l’époque
(Daniel Lefebvre), se
pointèrent régulièrement à ces réunions. Non membres du club
et n’ayant pour la plupart aucune notion des radios offshores, ils semblaient avoir les moyens matériels de
réaliser une radio en prêtant qui un local, qui du matériel,
et pour certains voyant la possibilité de faire de la
publicité pour leur commerce local
(Faux et calomnieux
: réécoutez les programmes enregistrés) - la programmation ne
semblait pas être leur souci principal.
(Là encore, méchanceté gratuite)
Et de Rouen, le site d'émission proposé se
retrouva être une ville du pays de Caux
(les raisons
évidentes sont déjà expliquées au bas de notre
p. 4
). Dès ce moment, une
partie des membres du club comprit immédiatement que jamais
une radio du style de Caroline, ne pourrait être viable et
avoir un impact suffisant sur la population cauchoise de
cette petite ville provinciale. Il fut rappelé qu’une
conférence de presse sur radio Caroline avait été faite par
le club à la maison des jeunes de cette ville
(Yvetot) quelques
années plus tôt et qu’une seule personne était passée… par
erreur !
Mais le président du club, qui habitait
la région, pour des raisons de proximité personnelle, voyait
positivement l’emplacement proposé ! Il était appuyé par des
membres du club qui se voyaient déjà les
« présidents Rosko
de la bande FM »
( Ont-ils vraiment eu pareille
prétention ? )
-
ou bien avoir leur photo à la une de la
presse locale, et ils semblaient décidés à foncer, quitte à
renier leurs idéaux d’origine. Être sur les ondes était
devenu leur motivation principale et la programmation était
devenue accessoire.
Les membres parisiens rappelèrent que
l’association était avant tout un club d’auditeurs. Certes
chaque membre avait le droit de faire sa propre station
comme il le voulait mais il ne pourrait pas se prévaloir
radio DU France Radio Club, radio que la majorité des
membres ne pourrait même
pas entendre ! Telle était leur vision des choses.

Richard Adaridi, Jean
Claude et François : les débats sont ouverts....
A la réunion suivante, alors que le
projet des nouveaux venus, soutenus par une partie du club,
semblait être sur le point d’aboutir, un accord verbal était
tout de même conclu entre les sceptiques minoritaires et le
président. La radio qui allait voir le jour ne se
présenterait pas comme celle du France Radio Club et une
nouvelle association devrait être créée indépendamment pour
cette radio.
Bien sûr le France Radio Club pourrait
supporter cette nouvelle radio en tant que radio libre comme
il le faisait déjà pour les radios de certains membres
parisiens.
Aussi la surprise fut grande une
quinzaine de jours plus tard, lorsqu’au démarrage de ladite
station
(le
16 novembre 1981), le président la présenta comme
la radio officielle
du France Radio Club, reniant par là même les engagements
pris seulement deux semaines auparavant !
(dommage,
aucun enregistrement de l'inauguration n'existe)
Au lendemain de la première, les
membres du club qui ne voulaient pas être associés à une
radio qui déontologiquement ne leur convenaient pas,
démissionnaient aussitôt. Le France Radio Club était au bord de l’implosion !
Il fallut attendre plusieurs jours pour
que le président se manifeste auprès des démissionnaires et
leur annonce la séparation de la radio et du club et qu’il
leur demande de reprendre leur place !
(le 7.12.1981, création de
l'Association Solaris, indépendante pour gérer
la station, )
Cet épisode douloureux laissera
toutefois des traces et l’association FRC ne sera plus tout à
fait la même. Les priorités avaient changé et ceux qui
avaient opté pour la radio délaissaient le club de plus en
plus pour leur nouveau jouet.
Il ne nous appartient pas de juger,
mais il se passa ce que les sceptiques avaient annoncés dès
le départ : au bout de quelques années, les membres du club
au sein de la dite station – qui avaient choisi, pour
essayer de s’adapter aux coutumes locales, une programmation
aux antipodes de ce que le France Radio Club défendait,
se retrouvèrent
minoritaires entre les mains de requins de la finance
(qui ? Des
noms...) Au
bout de quelques courtes années, la faillite de la station
sera inévitable.
Bien sûr ce n’est pas la création de la
station qui a été regrettable. Il était tout à fait normal
que les membres du club aient voulu tenter leur chance. Ce
qui a été frustrant c’est le non-respect de l’opinion des
membres minoritaires et le manque de confiance qui s’est
ensuite instauré, créant un malaise qui restera latent
pendant de longues années. (...)
Après son expérience amère avec la
station cauchoise qu’il quittera
juste avant le désastre
(dernier jour d'émission le 30.06.1988), le
président
(Daniel Lefebvre) restera encore quelques années à la tête du France
Radio Club avant de passer la main.