Première partie (1920 à fin 1980) Désolé les amis ! L'affichage du site n'est toujours pas adapté aux appareils mobiles :- (
où sont passées les "RADIOS libres HAUT-NORMANDES" d'avant ?
Les dérogations au monopole d'état de la radio en 1981 avaient ouvert des perspectives et créé de fols espoirs chez les radio-libristes adeptes du "minimum de bla-bla et du maximum de musique"...
Et puis, il n'y avait pas que RADIO SOLARIS en Haute-Normandie. Il nous fallait bien 2 ou 3 pages supplémentaires à notre site pour regrouper ce que nous possédions comme documents, articles de presse et photos souvenirs des stations voisines concurrentes "mais néanmoins amies", qu'elles soient associatives, commerciales et même publiques. Pendant deux décennies (1980 et 90), nos nouvelles radios locales ou régionales ont laissé leur empreinte. Depuis, la plupart ont disparu, substituées par des réseaux (hors Haute-Normandie) condescendants, bavards et trop lisses à notre goût où rien ne se passe - et ne dépasse - comme avant 1981, le réveil sournois du monopole en quelque sorte, le retour à la case départ et surtout la fin de nos illusions : nous réclamions des radios de proximité, finalement, on n'a plus que des réseaux... et l'on s'ennuie !
Avec ces documents et ces coupures de presse, nous voulions rendre hommage à ces initiatives locales vaines, à ces tentatives de radios indépendantes haut-normandes disparues au fil des ans et ces voix de chez nous, à jamais muettes.
jcd p/radiosolaris.free.fr - jan 2013
Mais avant de commencer... Comment pourrait-on l'oublier ?
Radio Normandie (1926 à 1939)
Radio Normandie, la fierté des Normands et leur toute première radio libre...
Tiens donc ! Encore un dimanche pluvieux... Visite du centre émetteur de Louvetot en 1939
Résumé express : Radio-Normandie est créée en 1926 (sous le nom de Radio Fécamp) par Fernand Le Grand, propriétaire de la liqueur Bénédictine. Aidée par la mairie de Fécamp et la Chambre de Commerce, la station se développe, obtient officiellement une autorisation d'émettre le 16 février 1929.
A partir de 1930, elle inaugure des studios décentralisés au Havre, à Rouen, au Tréport et à Caen. La station, audible en Grande Bretagne, développe ses émissions en Anglais et devient très vite une des radios les plus écoutées à Londres en concurrence directe avec le monopole de la BBC. Les annonceurs anglais font sa fortune.
En 1938, elle quitte Fécamp pour des studios spacieux à Caudebec-en-Caux et un nouvel émetteur à Louvetot (35 km au sud-est). La station est réquisitionnée par les Allemands en 1940 et utilisée pour leur propagande. Durant l'occupation, elle ne sera plus qu'un relais de Radio Paris. source : www.duboysfresney.fr
LA SUITE DE L'HISTOIRE DE RADIO-NORMANDIE EST ICI
RADIO-NORMANDIE mérite bien un site web entier à elle seule pour recueillir l'intégralité de notre documentation, les CARTES POSTALES, les BROCHURES et 600 ARTICLES DE PRESSE collectionnés...
La "renaissance" de "Radio Normandie" en 1946 ! Certains y croyaient ???
"Notre belle Normandie renaissante..."
On adore cette dernière phrase de ce journaliste optimiste. Néanmoins, il faudra attendre 32 ans ! avant de voir son souhait partiellement exaucé : la naissance en Normandie d'une radio régionale de Service public accompagnée du passage "éclair" de nos éphémères "radios libres" indépendantes de proximité.
Louvetot juste après la guerre. Les protections contre les mitraillages des bombardiers alliés resteront visibles longtemps en haut des fenêtres de l'émetteur. Avant la reconstruction d'un pylône définitif, une simple antenne filaire est tendue entre plusieurs mâts provisoires. Puissance de l'émetteur pour recommencer : 5 kW ! (émetteur américain RCA)
Dans les années 50. A l'arrière du bâtiment principal, remarquez un second pylône, vestige de l'installation provisoire précédente.Réquisitionné par l'État, Louvetot relaie les programmes provenant de Paris dès 1946 jusqu'à fin septembre 1974, date de la fin d'exploitation
le 2 novembre 1971
L'émetteur de Louvetot avec son pylône d'émission de 120 m n'est plus qu'un discret relais qui retransmet "France Inter Variétés"
Le pylône d'émission de 120 mètres construit dans les années 50 a remplacé l'antenne originale de 154 m dynamitée par les Allemands au moment de la débâcle. La puissance est maintenant de 20 kW
Fernand Le Grand directeur de Radio Normandie décède en 1953. Son émetteur de Louvetot est utilisé comme simple relais de la radio d'Etat. Désormais les auditeurs ne peuvent écouter que Paris. Les artistes régionaux de la France profonde (!) doivent "monter " à la capitale pour se faire entendre et se faire connaître.
Au début des années 60, l'ORTF (Office de Radio et Télévision Française) tente à partir d'un studio à Rouen, la diffusion d'un journal parlé régional normand depuis l'émetteur de Louvetot, mais les décrochages cesseront un an plus tard, faute d'audience (ou plutôt manque de volonté de continuer).
< L'ancien émetteur (25 kW) en 1938
< Le "nouvel" émetteur (20 kW) en 1946 * cf ci-dessous
* A NOS VISITEURS ...
Grave lacune ! Nous ne possédons aucune photo des 2 émetteurs (20 kW ou celui de secours 5 kW ?) en service à Louvetot et utilisés par l'ORTF de 1946 à fin septembre 1974. Nous lançons un appel à d'éventuels détenteurs de photos - du côté de Louvetot, Yvetot ou Caudebec-en-Caux - avec l'espoir qu'il subsiste encore quelques documents d'époque précieusement conservés.
Vue prise (face au nord-est) depuis le village de Louvetot
Le "domaine" de Louvetot survolé en 1955
< Au milieu de la pelouse, on aperçoit le pylône, tel un cadran solaire avec son ombre.
De là à en déduire que la photo a été prise en fin de matinée ?
La fin du grand rêve d'une véritable radio régionale
En 1974, la sentence est prononcée : Télédiffusion de France, la société nationale chargée de gérer les émetteurs sur le territoire français, décide de suspendre les émissions depuis le Centre de Louvetot le 30 septembre à 22 heures. Dès cet instant, l'émetteur n'assure plus le relais de France Culture mais reste toutefois sous tension sans émettre, les lampes de l'émetteur toujours allumées. Car si l'on coupe l'alimentation électrique entièrement, l'humidité ambiante provoquerait des dégâts irréversibles dans les circuits (transfos, selfs...) à la remise en route éventuelle, ce qui rendrait l'émetteur inutilisable. Inutile de vous préciser que la remise en route n'aura jamais lieu !
début octobre 1974 (pas de date exacte ?)
Entre nous, le dernier paragraphe a quand même dû ébranler la conscience de nos élus. C'est ce que l'on verra avec les articles de presse du 31.12.1977 plus bas.
"Alors que l'on s'inquiète actuellement de vocations régionales, du dépeuplement des campagnes et des conditions de vie rurale, on peut s'étonner que ce bel instrument de travail perde son autonomie, sa voix propre. Alors qu'un peu partout les radios pirates font fortune et captivent de plus en plus d'auditeurs, on est en droit de penser qu'une station de radio régionale pourrait bénéficier d'une confortable audience".MG
Alors pourquoi le conserver ?
Un responsable de TDF Haute-Normandie confie officieusement qu'un vague projet de radio régionale existerait dans les cartons et pourrait reprendre la longueur d'onde de 214 mètres devenue vacante en Haute-Normandie. Une excellente idée qui restera malheureusement sans lendemain car en 1976, la station dont le terrain et les bâtiments doivent être subitement vendus, est promptement livrée aux ferrailleurs. Le démontage des installations est prévu pour la fin de l'année.
Cependant il faut attendre la vente effective de la propriété en décembre 1976 pour voir les démolisseurs à pied d'œuvre le 27 janvier 1977. Le pylône de 40 tonnes est abattu, les lampes d'émission cassées (?) Le pasteur qui a racheté les locaux pour y accueillir des enfants handicapés témoigne :
"J'étais présent quand ils ont démonté. Je savais en achetant cette bâtisse quelle était son histoire, aussi je tenais à conserver quelques souvenirs comme des lampes provenant des armoires techniques. Des lampes gigantesques : 60 centimètres de haut. Nous avions caché deux de ces lampes. Le lendemain, nous avons vu les ouvriers les briser pour en prendre le cuivre".
<< Par ici le bon cuivre !
Considéré comme équipement "hautement stratégique", le démantèlement de l'émetteur de Louvetot est la condition indispensable imposée aux propriétaires par l'État pour les autoriser à vendre leur domaine à un tiers. En effet, les "radios libres" commencent à "pulluler" en Europe et la paranoïa s'est installée en France parmi les membres du gouvernement. Ceux-ci s'inquiètent de ce que, à une époque où les cultures alternatives se développent, où les manifestations d'étudiants, les marches pour condamner et interdire les centrales nucléaires, etc... se multiplient, de nouvelles stations de radio pourraient être utilisées à des fins subversives si une "mauvaise" personne se retrouve derrière un micro. Peut-être pourrait-elle dire au public toute la vérité pour une fois. Pour ces raisons, nos représentants politiques redoutent la fin du (de leur) monopole ! Photos
ci-dessus : une
triode d'émission RCA 5671 - puissance de sortie : 30 kW (beaucoup plus
puissante que la CR 892-3 de Louvetot !
Jeudi 27 janvier 1977, 10 h 00 : l'apocalypse est de retour à Louvetot !
La photo ci-dessus est extraite du livre de Mme Jeanine Lebaillif "Louvetot, ma commune en pays de Caux"
Le chapitre de son livre consacré à l'émetteur de Louvetot est à lire ici > "Radio Normandie"
Le pylône tombé, orienté vers le Nord (derrière le photographe)... Si ce n'est pas un ultime clin d'œil à l'Angleterre ça ? ;-)
The fallen pylon facing north... A final nod to England !
<< La désolation. Triste fin d'une époque révolue. Vraiment ?
Les démolisseurs posent fièrement devant la bête abattue !
( photographe inconnu )
Vue prise depuis le village de Louvetot, le domaine isolé au milieu de la plaine cauchoise
avec au-dessus un ciel hertzien désormais bien vide ! (hormis les traditionnels nuages normands)
"Le centre émetteur perdit d’abord sa voix puis il perdit son pylône qui s’abattit le 27 janvier 1977 à 10 heures du matin. Avec sa disparition, Louvetot perdit son originalité et son point de repère. De jour, on l’apercevait de loin ; de nuit, ses lumières rouges et blanches semblaient une double rangée de perles..."
Phrase extraite du livre « Louvetot ma commune en pays de Caux » par Jeanine Lebaillif
De nos jours, vue aérienne de Louvetot et en bordure de la route Caudebec-Yvetot, l'ancien domaine de "Radio Normandie"
Vue satellite du domaine de Louvetot (photo IGN)
Louvetot dans les années 90. A la place du bouquet d'arbres au milieu de la pelouse, imaginez le pylône d'émission
L'entrée du domaine de nos jours avec le bâtiment principal en arrière plan. On aperçoit une pièce métallique dépassant du sol, certainement l'un des points d'ancrage des haubans du pylône d'émission
< Heureuse initiative, pour ne pas oublier le passé glorieux de ce domaine, une des crosses en ciment (hauteur : 8 mètres) qui soutenait le câble d'antenne a été conservée. Ce vestige de la radio est visible au bord de la route à l'angle sud du domaine (vers Caudebec). Une seconde crosse existe côté nord (vers Yvetot) bien que cachée désormais par la végétation.
"Le magazine des radios libres" (France Radio Club) - Décembre 2010
Rien que pour vous, les photos sont visibles ici > patrimoine
ULTIME HOMMAGE AUX ONDES MOYENNES !!!
La Normandie n'est pas le Royaume d'Ubu. Quoique...
Le SEUL émetteur normand tout à fait adéquat pour exploiter une station régionale telle la future FR3 Radio Normandie (ancêtre de France Bleu Normandie) vient donc d'être démantelé au début de l'année 1977. Le croiriez-vous, juste un an avant la création de FR3 Radio Normandie. Avouez que ce n'est pas de veine ! Toujours ce manque de concertation perpétuel chez nos élites... Quand on y pense, à lui seul, l'émetteur ondes moyennes de Louvetot avec ses 20 kW, aurait pu couvrir largement toute la Normandie sur 214 mètres (1403 kHz) d'une façon économique sans qu'il soit nécessaire de mettre en batterie une ribambelle de relais FM (avec autant de fréquences occupées) sur la totalité du territoire normand pour parvenir au même résultat. Certes en France, l'AM avec les ondes moyennes, on n'est plus dans l'air du temps ! Dans l'esprit de "l'auditeur moyen", l'idée est bien passée, les ondes "moyennes" (désolé pour la répétition !)c'est archaïque, c'est moche, c'est vieux et puis ça n'a pas le prestige de la FM.
PHOTO D'ILLUSTRATION : Le légendaire émetteur de RTL 208 à Marnach (Luxembourg) couvrait avec 600 kW toute l'Europe du Nord-Ouest (hauteur des pylônes : 60 et 65 m)
L A F I N D E L ' A . M . : dans l'hebdomadaire Telerama Attention ! L'article est parsemé de quelques contre-vérités et confusions (bande "passante" avec bande d'ondes moyennes, kHz et/ou MHz, etc) Amusez-vous à les retrouver... Ensuite, ne manquez pas les commentaires "croustillants" des lecteurs de Télérama !
En janvier 1978, FR3, la chaîne des régions crée à Caen une radio régionale qui rayonne sur les cinq départements normands. Les émissions de FR3 Radio Normandie sont diffusées le matin en FM (mono) à la place du programme de France Inter à partir d'un studio installé à bord d'une péniche amarrée dans le bassin Saint-Pierre de Caen.
fin décembre 1977
"Une large place à l'information..." Pfff ! Tant pis pour la musique ?
6 janvier 1978 : création d'une radio publique régionale pour toute la Normandie
FR3-Radio Normandie est créée en 1978... à Caen !
Bien qu'elles portent le même nom, il n'y a bien sûr aucune relation entre la nouvelle station publique régionale et l'ancienne Radio-Normandie, la légendaire station privée (et commerciale !) d'avant-guerre.
Dans l'attente d'un local fixe, les premiers studios de FR3-Radio Normandie sont aménagés à Caen et précisément à bord d'une péniche amarrée au quai du Bassin Saint-Pierre. Avec ses studios "flottants", certains malins y ont vu un clin d'œil destiné aux nombreux auditeurs normands des radios offshore"Radio Caroline" et "Mi Amigo" qui connaissaient à cette époque, un vif succès avec leur flot musical non-stop depuis la mer du Nord (hors des eaux territoriales).
Là, s'arrête la comparaison ! Sans surprise on s'en doute, l'esprit d'aventure et le dynamisme de l'animation prodigués sur ces stations attrayantes ne se retrouvent pas vraiment à l'écoute de notre nouvelle et austère radio publique ! Le constat serait même plutôt sévère car l'on se doute bien qu'il s'agit de reproduire en Normandie un modèle de radio préétabli des autres stations FR3 existantes dans d'autres régions (en résumé : adopter ce même style solennel, guindé, avec beaucoup de bavardage débordant d'autosatisfaction, et malgré quelques efforts, toujours trop peu de musique diffusée au grand dam des nouveaux auditeurs de la FM lassés des Grandes Ondes parce qu'elles-mêmes trop volubiles).
Pendant deux ans, la station régionale diffuse 3 heures de programmes chaque matin, bien axés sur l'information, via les émetteurs FM qui couvrent les 5 départements de Basse et de Haute-Normandie.
FR3 = France Régions 3 (société nationale de programmes à vocation régionale)
Faute d'un réseau spécifique (cf plus haut "Gloire aux Ondes moyennes"), le programme ne peut être diffusé qu'en décrochage des émetteurs FM de France-Inter, réquisitionnés tous les matins pour l'occasion, en attendant de disposer de son propre réseau d'émetteurs.
En 1983, FR3 confiera l'ensemble de ses radios régionales à Radio France et en 2000, le réseau France Bleu apparaîtra avec ses déclinaisons Basse et Haute-Normandie.
Liberté Dimanche
désolé pour la photo... une photocopie d'époque !
(Document transmis par Daniel Lefebvre)
Télé-Poche (janvier 1978)
Paris-Normandie
Liberté Dimanche
6 janvier 1978
(Document transmis par Daniel Lefebvre)
6.01.1978
* Et pour cause, l'émetteur ondes moyennes de Louvetot a été démantelé il y a pile... UN AN ! ( manque de bol ! )
Jacques Barbier-Decrozes
De plus, avez-vous remarqué le titre de l'article ci-dessus :
Radio Normandie... "renaît" (???)
Pourquoi utiliser le mot "renaît" ? Y a-t-il volonté de la part de FR3 de s'approprier le passé prestigieux de l'ancienne Radio Normandie et ainsi entretenir la confusion ?
Les articles de presse précédents induisent l'auditeur en erreur : veut-on faire croire qu'il subsiste un lien particulier de continuité entre la légendaire "Radio-Normandie" station privée d'avant-guerre et la nouvelle radio publique FR3 "Radio Normandie" ?
Malgré la même dénomination, il ne devrait pas y avoir de confusion avec la station d'antan où les variétés (musique, chansons et orchestres de jazz notamment) tenaient une place privilégiée !
Extrait sonore n° 1 :
Emission d'inauguration de la nouvelle "FR3 Radio Normandie" (quelques bribes suffiront !)
Vendredi 6 janvier 1978, le premier jour avec le ton FR3 bien solennel, un style ampoulé qui rappelle étrangement celui des premiers temps de "Télé-Normandie", la Télévision régionale de l'ORTF très inféodée au pouvoir politique en place et dont les qualificatifs ironiques sous entendus à l'époque, "la télé de connivence avec les élus" ; "aux ordres des préfets, la "brosse à reluire perpétuelle", "la voix de son maître", etc... lui collaient à la peau.
De courts extraits avec Geneviève Banos, Jacques Barbier-Decrozes, Maggie Gilbert (notre photo >) , Alain Bernard, "Gogo", etc
avec les déclarations d'auto-satisfaction de M. Claude Contamine, Président de FR3, Jean Lecanuet, Maire de Rouen et Jean-Marie Girault, Maire de Caen
Extrait sonore n° 2 :
Extrait du "Sac à nouvelles", avec l'histoire de Radio Normandie (la vraie) : écoutez le reportage - excellent mais trop court- de Richard Plumet et Dominique Nugues diffusé sur les antennes de FR3 Radio Normandie depuis Caen
Compilation de bandes magnétiques de FR3 Radio c/o France Radio Club
Plusieurs archives (brutes non montées) d'interviews de personnalités fécampoises réalisées par Richard Plumet lors de ses reportages sur "Radio Normandie" à réécouter à partir de ce lien :
FR3 Radio Normandie depuis la péniche Intens (Bassin St-Pierre à Caen) émission du dimanche 1er juillet 1979 (de 11.05 à 12.00) avec Jacques Barbier-Decrozes et Dominique Nugues. A la technique : Véronique Touyé et Alain Durand
Où étions-nous ce dimanche matin 1er juillet 1979 ? A Caen, invités sur la péniche de FR3 Radio Normandie, ce décrochage régional sur les fréquences FM de France Inter... ancêtre de France Bleu en quelque sorte. Vous pouvez réécouter ce moment ci-dessus...
Rod
Remerciements à Rod pour l'enregistrement
Voir ci-dessous le reportage photo effectué le même jour lors de notre passage à Caen
En attendant l'arrivée des premières radios libres,
rendons une petite visite à Caen...
Dimanche 1er juillet 1979
La péniche "Intens"
amarrée au quai du bassin Saint-Pierre à Caen
L'entrée de la
station flottante
Des autocollants confectionnés pour l'occasion avec les fréquences Basse et Haute-Normandie
Et Fécamp ??? *
Dans le studio à bord de la péniche Intens, le tableau de départ de la modulation vers les émetteurs
* Paradoxe : le 6 janvier 1978, jour d'inauguration, la nouvelle FR3 Radio Normandie ne peut être entendue à Fécamp, la ville qui a pourtant vu naître son illustre ancêtre "Radio Normandie", faute d'émetteur FM disponible (et pas plus d'émetteur AM d'ailleurs- cf plus haut) Cherchez l'erreur...
Avec la nouvelle mode de la FM, les longueurs d'ondes sont devenues... des fréquences ?
Ou réciproquement !
La console de mixage
L'équipement classique, un magnéto Studer (ou Revox ?), à gauche du technicien
A droite, l'une des platines disques avec un 33 tours en fin de course... était-ce le seul diffusé de la matinée ? "Rhôôô !";-)
Une émission de FR3 Radio Normandie, c'est donc :
- Un ou deux "speakers" debout derrière la vitre (A cause des reflets, on ne les distingue pas mais ça causait beaucoup ce dimanche matin...)
- Un réalisateur rivé à sa console
- Une assistante* pour caler les (trop rares) disques...
* Etait-ce Véronique Touyé, la future Miss Météo de TF1 ?
Quelques membres (éminents !) de France Radio Club de sortie à Caen ce 1er juillet 1979. Hélas, nous n'aurons pas le loisir d'aller visiter plus loin le reste de la péniche et franchir la porte du studio au fond
A l'écoute, le 1er juillet 1979 : Il convient de noter que la journée en question ne constituait probablement pas la période la plus propice pour les membres de notre association de venir visiter le studio flottant de la radio régionale : le programme ce matin-là donnait à fond dans un discours grandiloquent et comprenait une sorte de grande fresque historique normande dont les "envolées" au micro étaient plutôt rébarbatives à l'écoute, pour un dimanche matin en plus ! Etait-ce vraiment ce genre de programmes que les nouveaux auditeurs normands échappés de RTL, blasés de "Stop ou encore", à peine débarqués sur la bande FM, attendaient et espéraient entendre ?
- - - - - - - Ecoutez l'extrait sonore n° 3 (cf § plus haut) enregistré durant la même journée, mais bien après notre départ des lieux.
Mouais... Des visiteurs dubitatifs ?
photos France Radio Club, notre visite du dimanche 1er juillet 1979
D'autres infos sur FR3 Radio Normandie sont disponibles sur le site "Schoop" :
Comment une radio libre en 1935, RADIO NORMANDIE, peut devenir en 1979 un exemple pour les partisans de la fin du monopole sur l'information radiophonique
ou "la parole un jour rendue aux régions"
par Richard Plumet
cliquer sur la page pour l'agrandir
cliquer sur la page pour l'agrandir
PRECISIONS : la 1ère partie de ce reportage (en 2 parties) concernait l'ancienne "Radio Normandie" (1926 - 1939) à retrouver intégralement sur l'autre site
consacré à ... >"Radio Normandie"
Où l'on commence (enfin) à parler des "Radios libres"
28 janvier 1978
ROUEN
Avant de commencer à émettre le 13 juin 1981, RVS (Radio Vallée de Seine) doit déjà se battre pour préserver son identité et conserver son appellation, semble-t-il convoitée :
Méfiez-vous des imitations ?
Il y a "RVS" : Radio Vallée de Seine" ! (à Rouen)
&
"RVS" : Radio Vallée de LA Seine (aux Mureaux - près de Mantes-la-Jolie)
( Journal ? )
21/04/1979
R.V.S. Les Mureaux... à nouveau :
12/06/1979
Une mise au point (tardive) est publiée dans le même journal... Radio Vallée de Seine (l'originale) a ainsi le mérite de nous éclairer et de nous rassurer sur ses intentions de future station rouennaise : adoption d'un style jeune*
(* sous-entendu : priorité à la musique, ouf !), sans oublier la rigueur professionnelle, écarter l'amateurisme...
La déclaration de l'Association "Radio Vallée de Seine" au Journal Officiel du 23.12.1978 prouve l'antériorité de l'appellation
Radio CGT 76 a été l'une des premières radios libres à apparaître dans la région de Rouen. Du 7 au 12.11.1979, elle pouvait être reçue dans un rayon de 50 km sur 89 MHz. La puissance de l'émetteur était de 600 W. Les émissions étaient réalisées par des militants de la CGT depuis un appartement du dernier étage d'une tour de Saint-Etienne-du-Rouvray (banlieue sud-est de Rouen). Le programme était composé de débats syndicaux avec les auditeurs à propos de la lutte des travailleurs. La musique provenait de disques amenés par les voisins du quartier. L'équipe s'était adjointe la présence d'une journaliste professionnelle Josiane Romero, présentatrice à la télévision régionale FR3 Normandie.
< Josiane Romero (photo FR3 - 2013)
Selon Offshore Echos Magazine (OEM le magazine des radios libres), "le revendeur radio-électroménager du quartier d'où partaient les émissions, avait fait un don de 50 francs à la station syndicale, après avoir vendu 8 récepteurs FM en une seule matinée. Ce qui démontre que la vente de postes FM est liée au pluralisme offert sur cette gamme d'onde : tant que la FM française sera un désert, les acheteurs bouderont ce genre d'appareils. Messieurs les fabricants de récepteurs, qu'attendez-vous pour protester vous aussi auprès des pouvoirs publics ; n'est-ce pas le truc pour relancer votre industrie ?
Hélas, les émissions de CGT 76 ayant été trop rapidement suspendues, on se demande vraiment ce que ces nouveaux auditeurs de la FM vont bien pouvoir écouter désormais et bien pouvoir faire de leurs beaux transistors tout neufs..." (OEM)
ndw : patience, les radios libres musicales arrivent...
Le 21 novembre 1979, les responsables CGT de Seine-Maritime sont convoqués par un juge d'instruction pour plusieurs chefs d'inculpation : - Atteinte au monopole de diffusion radiophonique - Utilisation illégale d'un émetteur - Emission depuis une HLM sans l'autorisation du propriétaire - Diffusion de disques sans l'accord de la Sacem.
Une manifestation est organisée avec 200 militants qui se déplaceront devant le Palais de Justice de Caen. Finalement, avec les prémices de l'abolition prochaine du monopole de radiodiffusion, le procès n'aura jamais lieu. L'affaire n'aura pas de suite.
L'émetteur sera ensuite transféré dans l'Eure puis en Gironde pour d'autres actions. Radio CGT 76 réapparaîtra sur les ondes une dernière fois cinq mois plus tard, le 22.04.1980 durant une semaine à Canteleu (banlieue ouest de Rouen). L'antenne était érigée sur le toit de la mairie annexe. Puis la station syndicale devait être transférée sur LE HAVRE.
D'une source bien informée*, il semblerait que le jugement rendu pendant les premières émissions en 1979, qui ordonnait à la CGT de démonter le matériel immédiatement, n'était pas une émanation du "pouvoir, du préfet, du patronat, ou de... Lecanuet", le "sacro-saint" maire de Rouen, comme aimaient à le clamer les animateurs de la radio, mais tout bonnement d'une plainte des propriétaires voisins (ou locataires ?) qui ne voyaient pas d'un très bon œil toutes ces allées et venues dans leur immeuble où ils craignaient un éventuel assaut de la police, avec des bagarres probables. Ce qui expliquerait le changement du site d'émission dans une autre commune de la banlieue rouennaise, à Canteleu pour la seconde série d'émissions, en avril 1980 (d'ailleurs moins médiatisées).
* info transmise par Rod pour OEM
Précisions : la "presse d'Hersant" citée dans les émissions, fait référence aux journaux régionaux "Paris-Normandie" et "Le Havre-Presse" qui appartenaient à ce groupe de presse.
La banderole "Radio CGT 76" et l'antenne fouet viennent d'être retirées du toit de la Tour 4 au Château Blanc, à Saint-Etienne-du-Rouvray (ph. F. Campart - OEM)
Pour écouter Radio CGT 76 :
Sûrement beaucoup d'émotion garantie à l'écoute de ces quelques enregistrements préservés de Radio CGT 76 (novembre 1979). La modulation du son est malheureusement exécrable et saturée pendant les premières heures d'émission (émetteur mal réglé).
Néanmoins, voici ce que nous entendions à 12 km dans la banlieue nord de Rouen (Bihorel). Ce sont des documents...
Une autre radio pirate rouennaise : Radio Méandre. Créée par un mouvement proche de l'extrême gauche, la radio est le relais de luttes sociales et politiques.
En matière de radios libres, la Normandie commence doucement à se réveiller. Radio Méandre sur 101 MHz a commencé des émissions (reçues faiblement - pas d'enregistrements hélas) le 13.02.1980 vers 19.00 à grand renfort de tracts distribués à la sortie des lycées.
La toute première émission évoquait l'expérience d'une radio libre de la région parisienne "Radio Village". La seconde, le 15.02, était consacrée aux femmes et leurs problèmes.
D'autres émissions ont été annoncées. Beaucoup de blabla en perspective, ceci dit sans méchanceté. Paradoxalement, il est vrai que les Français sont sous-informés devant les problèmes graves (chômage, etc). Mais devant tant de débats et de discours sur les ondes, les auditeurs ne risquent-ils pas d'être lassés très vite et préférer des stations à format musical ?
Après les élections présidentielles de mai 1981, Radio Méandre change de nom en Radio FMR.
Défense d'afficher mais vous êtes prévenus !
27.03.1980
Commentaires d'OEM n° 33 (mai 1980) :
"Nous avions écouté les premières émissions de cette station qui nous avait un peu déçus. Exemple : en plein débat consacré au nucléaire, sujet sérieux et grave comme chacun sait, que penser des crises de fous rires en pleine antenne, ponctuées de "A demain, si vous l'voulez bien" la phrase galvaudée de l'inénarrable Lucien Jeunesse.
Que vont penser les auditeurs rouennais du sérieux des radios libres ? Ou faut-il croire que la bande FM va remplacer les cours de récréation devenues trop exiguës pour se faire entendre !"
(juin 1980)
ROUEN
FLAGRANT DELIT POUR L'OPERATEUR DE "RADIO MÉANDRES",
mais l'affaire est renvoyée pour cause de... naissance !
Service d'ordre renforcé le 20/6/80 : on devait juger en flagrant délit l'opérateur d'un émetteur pirate découvert dans la forêt de Roumare le 11/6, en pleine activité. La salle d'audience du Palais de Justice était bientôt pleine, mais restait parfaitement calme. L'opérateur en question devait répondre d'une infraction au monopole, Dominique Leseillier, 28 ans, monteur‑électricien. Laissé en liberté sur promesse de se présenter à l'audience, il n'eut pas à s'expliquer, l'affaire ayant été renvoyée sur la demande de la défense. Me J. Giudicelli indiquait en effet que l'avocate du prévenu, Me Dominique Vallès, se trouvant en clinique, où elle a accouché d'un petit garçon (toutes nos félicitations...) sollicitait un renvoi. Le tribunal l'accepte : l'affaire sera donc jugée le 19 septembre. Le "flagrant délit" deviendra de l'histoire ancienne.
C'est le 4/6/80 que la police était alertée par une distribution de tracts annonçant qu'une "radio libre" allait fonctionner le soir même sur 101 MHz. C'était la reprise de Radio Méandres (déjà supprimée en mars dernier). L'émission s'ouvrait à l'heure prévue, 19.30 portant sur le nucléaire et les problèmes militaires, Les griefs de certains soldats du 39è R.I., émission de mauvaise qualité. L'émission du mercredi 11, ayant été annoncée, un repérage technique spécialisé fut cette fois mis en œuvre et l'émetteur était bientôt découvert dans une clairière de la forêt de Roumare, à proximité de Canteleu (banlieue ouest de Rouen). Une antenne était dressée, un homme s'enfuyait à l'arrivée de la police, bientôt rejoint, il déclarait qu'il n'était qu'un opérateur. Il venait de diffuser une cassette. C'est à la fin de l'émission que la police était intervenue vers 20.15. Le matériel (l'émetteur, un mini-K7, une batterie d'auto et l'antenne) était saisi. D. Leseillier l'avait amené sur un cyclomoteur, retrouvé camouflé dans les fougères.
"Nous avions rendu compte dans les OEMs précédents de ce procès des animateurs de Radio Méandre, une RL rouennaise, et dit, comment, privés de leur moyen d'expression, les animateurs de ladite station avaient retrouvé une tribune en justice, huit témoins - enseignants pour la plupart - ayant pris la parole pour développer les arguments en faveur de la radio libre en défaveur du monopole. Les deux avocates - puisqu'il y a deux inculpés - avaient par ailleurs fustigé ce monopole en rappelant que les radios périphériques jouissent d'un privilège en réalisant leurs émissions à partir du sol français. L'inculpation de violation du monopole etc, n'en demeure pas moins réelle pour les prévenus. Les émetteurs avaient été repérés et saisis en mars et juin (1980) dans une forêt proche. Les peines sont légères selon la presse locale : 1 500 francs d'amende pour les criminels (chacun) alors que le Parquet réclamait le double, assorti d'une peine de prison... avec sursis. Le tribunal prononça aussi la confiscation du matériel saisi. D'ici qu'un juge à Rouen s'entraîne à son tour à jouer du micro sur la FM !!!"
(RADIO MEANDRE : à suivre dans les pages de l'Omnibus cf au 23.01.1981 page suivante)
Lancement le 22 septembre 1980
de
"Haute-Normandie FR3 Radio" à moins que ce ne soit "FR3 Radio Haute-Normandie"
( quoiqu'il en soit, un titre de radio hyper-long plutôt rébarbatif et surtout difficile à mémoriser ! )
Le Havre Libre - article du 20.09.1980
A l'écoute de "Haute-Normandie - FR3 - Radio" ...
Emettant de Rouen, du Havre et de Neufchâtel-en-Bray, la vingtième radio régionale de l'Etat "Haute-Normandie-FR3 Radio" (le nom officiel simple à retenir !) a débuté ses programmes de 9 h à 12 h, le 22 septembre 1980 via les émetteurs de France Inter (toujours pas de propre réseau ?) Faisant suite à FR3-Radio Normandie qui émettait de Caen, la "nouvelle radio" haut-normande a élu domicile dans une des boutiques du complexe commercial de Rouen Saint-Sever, au sud de la ville. Les programmes d'animation sont distincts de l'information et portent essentiellement sur la connaissance de la région et de ses habitants.
Il convient de noter que dans le cadre de l'aménagement du territoire régional, la région a apporté une subvention d'un million de francs pour la création de cette station. Pensez un peu au nombre de radios libres qui pourraient exister 24 h / 24 avec une telle somme ! Les rouennais s'ils passent devant cette vitrine, aperçoivent d'ailleurs entre les animateurs, le superbe matériel qui ferait pâlir d'envie nombre d'entre nous, et qui serait vite utilisé pour des programmes musicaux endiablés et non pour des débats ennuyeux et insipides que personne n'écoute (pas dans notre quartier, en tout cas !).
On se promettait tout à l'inauguration pour satisfaire p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non les auditeurs d'cheu mè, fallait entend' et vouère ! Eh ben, c'est fait.
(extrait d'OEM - Le mag' des radios libres - Florent Billard - octobre 1980)